Aujourd’hui, pour mieux comprendre les évènements de notre quotidien et influencer les évènements futurs (notre prochain quotidien), je vous invite à faire une distinction entre le « Présent conséquent » et le « Présent déterminant ». Ce sont bien sûr des concepts car on ne tranche pas le temps comme des parts de gâteau, mais chacun peut saisir l’image.
Ce que nous vivons est en partie le résultat des évènements et des acquis passés (passé qui peut être proche ou lointain, c’est hier, comme l’année dernière ou notre enfance), évènements et acquis dont certains sont positifs, d’autres négatifs. Cet aspect de notre présent est ce que j’appelle le « Présent conséquent » ; c’est l’expression du passé, ses fruits, ses traces présentes au quotidien.
Conjointement à ce que nous vivons comme conséquences de notre passé (conséquences qui ne sont pas nécessairement pénibles), il est aussi un aspect de notre présent qui est dépendant de notre volonté et de la maîtrise de nos pensées qui préparent le futur proche et moins proche ; j’appelle cet autre aspect de notre présent le « Présent déterminant ». Il est déterminant car il est l’expression de nos choix, de nos pensées positives, de nos projections volontaires, de nos décisions et vœux intenses.
(J’ouvre une parenthèse car les plus pointilleux d’entre vous relèveront que ce Présent déterminant est lui-même le fruit du Présent conséquent puisque le fait de nous projeter mentalement sur ce que nous voulons et d’ainsi édifier notre futur, vient de nos expériences, réflexions, lectures et prises de conscience passées. C’est la raison pour laquelle je vous parle de concepts ; ils sont nécessaires pour la clarté de l’explication, car, après tout, l’idée même de « présent » est un concept. Sitôt que nous voulons figer celui-ci, il est déjà devenu le passé, et si nous l’imaginons, il est le futur, même s’il s’agit de millisecondes. Et pourtant nous ne vivons ni dans le passé ni dans le futur mais bien dans le présent. C’est un aspect fascinant du temps qui est bien moins objectivable que l’espace. Refermons la parenthèse.).
Dans notre vie, est-ce le Présent conséquent ou le Présent déterminant qui a le plus d’influence ?
Qu’est-ce qui prend le plus de place ? Lequel monopolise le plus notre mental, nos énergies, influe sur notre affect et inspire nos activités ?
Il est possible que ce soit le Présent conséquent ; si c’est le cas, il est bon d’en prendre conscience et de savoir que nous pouvons inverser le cours des choses (dans le cas où le conséquent est quelque peu pénible, évidemment, sinon ne changeons rien). Si nous vivons déjà en majeure partie dans le Présent déterminant, continuons, nous sommes sur le bon chemin. En vivant consciemment et volontairement notre Présent déterminant, il est logique que notre Présent conséquent devienne progressivement plus positif que négatif ; les vieilles graines sont peu à peu éliminées, les vivaces prennent leur place, et nous récoltons ce que nous avons semé dans notre Présent déterminant d’hier. (Toujours des concepts ! Jouons avec les idées, ce sont des forces structurantes et mentalement stimulantes).
Si notre Présent conséquent ne nous satisfait pas (en clair, si nous traînons encore de vieilles casseroles), comment le gérer ? Nous savons que nous ne pouvons pas changer le passé ; une part de notre présent est donc la conséquence de nos erreurs comme de nos réussites, le fruit des graines que nous avons semées, les bonnes comme les moins bonnes. Aussi, gérer ce Présent conséquent consiste à pleinement l’assumer, même s’il est pénible par certains côtés ; je dirais même : surtout s’il est pénible. Prendre nos responsabilités, assumer les conséquences de nos pensées, paroles et actes passés est le meilleur moyen pour que le Présent conséquent ne soit guère pesant, ou qu’il le soit peu et, de toute manière, de moins en moins.
Lorsque nous prenons nos responsabilités, assumons nos actes, réparons et rectifions ce qui doit l’être, nous pouvons très bien vivre notre Présent conséquent et limiter ainsi les contraintes dues au passé. Par contre, si nous nous voilons la face, si nous fuyons nos responsabilités, si nous nous mentons à nous-même comme aux autres, nous ne réglons rien et la situation empire. C’est comme si nous ne rangions pas une chambre en désordre et que nous fermions la porte en voulant croire que tout est propre. Qui voulons-nous leurrer avec ce déni de la réalité ? Pensons-nous vraiment pouvoir berner les lois existentielles ? Tôt ou tard, il faudra bien regarder les choses en face et faire le ménage ; et plus nous tardons, plus toutes sortes de parasites viennent envahir les espaces qui ne sont pas nettoyés. Lorsque nous laissons du sucre ou des miettes de pain dans la cuisine, les fourmis nous envahissent (ce sont à ce titre de bonnes amies). C’est la même chose dans notre vie psychique et sociale ; si nous fermons la porte ou les yeux sur notre pagaille intérieure, les choses empirent ; rien ne se règle tout seul.
Donc, le fait de ne pas fuir, de ne pas tricher, de regarder notre Présent conséquent comme il est, est la base d’une bonne gestion de notre quotidien. Comme nous nous réjouissons des conséquences positives de ce que nous avons déclenché hier, nous devons parallèlement assumer les conséquences négatives de nos erreurs et rectifier le tir.
Agir ainsi, non seulement règle peu à peu les aspects désagréables du passé (il y en a toujours, reconnaissons-le), mais permet de nous libérer l’esprit pour mieux vivre notre Présent conséquent, d’imprimer à chaque instant ce que nous voulons vivre demain.
Si le passé est lourd, peut-on vivre sereinement le Présent déterminant ?
Oui ! Et je dirais : Raison de plus pour nous engager avec la plus grande énergie et volonté de vivre déjà, en pensée, notre présent de demain qui sera (même s’il faut du temps) ce que nous voulons aujourd’hui.
Nous allons vers l’avenir, non vers le passé, alors vivons au présent, dans nos pensées, en esprit, ce que nous voulons vivre demain et les temps à venir. Construisons mentalement notre présent continuel (aujourd’hui, demain et les jours suivants ; cette année, l’année prochaine et celles d’après, etc.)
Assumons notre présent d’aujourd’hui car il est le résultat de ce que nous avons été et fait hier, mais n’entérinons pas son état s’il est lourd et pénible. Tout change, tout peut changer. Nous avons fait de grossières erreurs ? Nous n’avons « pas eu de chance » ? Nous avons un « mauvais karma » ? Tout cela n’est que du passé, et bien souvent des excuses. Rien ne nous empêche, d’ores et déjà, de regarder, viser, vivre en pensée notre présent de demain. En nous projetant sur ce que nous voulons, et donc obtiendrons demain, nous vivons beaucoup mieux notre Présent conséquent. Le plus important n’est pas le passé et ses erreurs, ses approximations et ses doutes, l’important n’est pas d’où nous venons mais ce vers quoi nous allons. Ne laissons pas notre présent se gâter à cause du passé car notre présent de l’instant est la continuelle préparation de notre prochain présent.
Laissons le passé où il est.
Ne le nions pas mais ne lui accordons pas plus d’importance qu’il n’en a. Bien sûr, le criminel aura du mal à oublier son passé car celui-ci le poursuit et le rattrape, mais à part des conditions exceptionnellement négatives et destructrices, le passé a un impact limité sur notre existence si nous décidons de régler ce qui doit l’être pour enfin nous détacher de ses aspects peu réjouissants et passer à autre chose. (lire l’article : Au diable les mauvais souvenirs !)
En conclusion, même si notre passé est pesant, il n’est pas le plus important. Il influe encore notre Présent conséquent mais pas notre Présent déterminant, pas celui que nous voulons et qui agit sur notre futur, proche et lointain. Les problèmes liés au passé sont relatifs et auront de moins en moins d’effets ; par contre, l’état positif que nous développons avec persévérance, les décisions que nous prenons déterminent directement ce que sera demain. Agissons dès à présent, mentalement, affectivement et physiquement pour que notre futur Présent conséquent soit le fruit de notre actuel Présent déterminant.
Certains décident de tourner le dos au passé, mais je préfère l’idée de « laisser derrière soi », c’est plus dynamique ; car comme le disait le philosophe de l’humour, Pierre Dac : « Ce n’est pas en tournant le dos aux problèmes qu’on leur fait face ! »
En résumé, si notre passé est influent, notre présent est déterminant, et notre futur sera celui que nous avons choisi !
Pour une Positivité constructive,
Philippe Mailhebiau
Clés à retenir :
Citation :
“Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas encore.”
Epictète