Les évènements qui nous sont arrivés, les circonstances qui ont influé sur le bon déroulement de nos plans, les personnes plus ou moins plaisantes que nous avons rencontrées, tous ces éléments extérieurs ont leur importance car c’est nous qui les avons attirés (par la Force d’attraction – pensées, émotions, comportements, vibrations -), mais elle est relative. S’ils sont positifs, s’ils ont contribué à notre épanouissement, soyons fidèles à leur souvenir – ou à leur présence, il se peut que ce soit encore d’actualité – et cultivons-les. S’ils s’avèrent ne pas ou ne plus correspondre à nos attentes, ne pas « vibrer » au même diapason que celui que nous avons choisi, ne les nions pas, restons fidèle à nous-même (vouloir oublier ce que nous avons été serait un mensonge inutile) mais pas nécessairement à nos mauvais souvenirs. En clair, ne soyons pas si fidèle à nos erreurs et nos souffrances*.
*André Comte-Sponville a écrit un fort joli texte sur la Fidélité dans son « Petit traité des grandes vertus ». L’ensemble du livre est d’une belle profondeur, je vous le conseille. Comme d’ailleurs l’ensemble de son œuvre.
Ne restons pas focalisé sur une déception, une amertume, une soirée ratée, une relation pénible, un problème qui mit longtemps à trouver sa solution (en fait, c’est nous qui avons mis du temps à la trouver. « Dans la vie, disais-je il y a 30 ans à mes collaborateurs, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions ; mais comme nous ne les voyons pas, nous mettons des problèmes aux solutions afin de voir et comprendre qu’elles le sont ! »)
Un mauvais souvenir n’est qu’un souvenir, et si l’événement dont nous nous souvenons fut éventuellement « mauvais », son souvenir peut aussi bien ne pas l’être. Il l’est uniquement si nous l’entérinons comme tel, si nous n’avons pas dépassé l’événement (nous ne l’avons pas « digéré »), que nous maintenons vivants les instants pénibles par l’entremise de leur souvenir. Le souvenir, en lui-même, est neutre. A nous de le regarder pour ce qu’il est et de ne pas lui accorder plus de pouvoir de nuisance qu’il ne peut intrinsèquement en avoir. George Gordon, dans sa pièce Lord Byron, écrit : « Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur ; le souvenir de la douleur est de la douleur encore. » La deuxième partie est pertinente ; ne cultivons pas nos douleurs par leur souvenir.
Une mauvaise expérience est une bonne expérience !
Prenons l’image d’un buffet garni à profusion de mets dont la plupart semblent délicieux. Nous ne pouvons ni tout manger ni tout goûter, mais nous nous régalons de ce que nous aimons. Toutefois, il est probable que nous fassions une expérience, que nous goûtions quelque chose que nous ne connaissons pas. Parfois, nous sommes heureux de cette découverte, mais il arrive aussi que nous n’aimions pas du tout ce que nous testons. Notre journée en est-elle gâchée pour autant ? Bien sûr que non ! Nous tirons simplement la conclusion que nous n’aimons pas cet ingrédient et décidons de ne plus en manger. Ce n’est pas plus traumatisant que cela. Nous faisons donc de cette expérience une opportunité de savoir, encore mieux qu’auparavant, sélectionner nos mets.
Il en va de même avec les circonstances, les évènements plus ou moins ponctuels, nos rencontres et relations, nos choix professionnels, nos décisions personnelles, notre façon d’agir ou de réagir face aux situations et opportunités qui se présentent. Notre existence est un immense « buffet » et il arrive que nous fassions une mauvaise expérience (choix, options, rencontres, décisions hasardeuses…) mais, en fait, c’est une bonne expérience ! Ce ne fut pas agréable ? Eh bien tant pis, ou tant mieux, car nous savons désormais que cette situation nous déplaît, que ce choix est mauvais, que telle option ne mène à rien, que telle personne n’est pas fréquentable, que cette stratégie n’est pas la plus opportune, et nous changeons ce qui doit l’être. L’erreur, l’expérience douteuse, n’ont rien de dramatique. Nous avons goûté, ce n’est pas bon pour nous, aussi nous décidons de ne plus essayer cela, point.
La vie est un permanent apprentissage. Pourquoi nous en plaindre ? Exploitons tout ce qui nous arrive, transformons nos épreuves en avantages grâce à l’enseignement que nous en retirons. Ainsi certains événements, pénibles sur le coup, sont par la suite regardés comme d’opportunes leçons de vie. Si un bon moment est un bon souvenir, un mauvais moment doit être une bonne leçon, donc un souvenir constructif.
Cela dépend entièrement de nous, de la manière dont nous regardons le passé et ses zones d’ombre. Chacun peut dire : « C’est terrible, j’ai passé deux ans dans l’ombre, je ne m’en remets pas » (et c’est le meilleur moyen d’y rester). Ou bien l’on peut dire : « C’est génial, il m’a fallu deux ans pour comprendre que je vivais dans l’ombre mais quand je m’en suis rendu compte, j’en suis sorti ; désormais, il y a peu de chance que j’y retourne, j’ai compris la leçon, je préfère vivre dans la lumière. »
La conclusion change la vibration de l’événement, son impact, son emprise sur nous.
Ressasser un souvenir désagréable revient à maintenir vivante la situation qui nous a blessé, et ainsi lui permettre de nous atteindre encore. Cette mauvaise habitude est entretenue dans nos sociétés qui font le culte du négatif. La plupart des gens adorent raconter leur histoire et, ce faisant, ils se focalisent sur leurs malheurs, leurs soucis, leur infortune. Ce qu’ils ne voient pas, c’est qu’à chaque fois qu’ils parlent de leur histoire et de son cortège de mésaventures, voire de désastres, ils revivent l’expérience douloureuse et s’enfoncent davantage dans la tristesse. En agissant ainsi, ils ne peuvent pas s’en sortir ; mais ceux qui se comportent de la sorte veulent-ils s’en sortir ? La question se pose.
Outre le fait que c’est extrêmement nocif au niveau relationnel, car les autres n’ont pas plus envie d’être pollués par nos malheurs que nous voulons l’être par les leurs, cette habitude doit être abandonnée si nous voulons améliorer notre existence. Pour certains, cela va être difficile, car ils sont attirés vers d’anciennes histoires, d’anciens clichés, et ils émanent avec force des ondes négatives qui entérinent une situation négative. Plus on entretient des vibrations néfastes, plus on les amplifie, et plus elles sont amplifiées, plus elles prennent de la place et attirent d’autres ondes négatives qui polluent encore davantage l’existence.
Il faut donc enrayer cette mécanique destructrice, sortir de ce cercle vicieux.
Pour ce faire, il faut être vigilant, s’écouter parler et changer de phraséologie dès que les propos deviennent négatifs.
Ecrivons de manière positive les conclusions des évènements.
Il ne s’agit pas de nier ni de fuir l’histoire, ni même de mentir à son sujet si nous ne pouvons faire autrement que d’en parler un jour ou l’autre, mais chacun d’entre nous peut réécrire son histoire, revoir les situations de manière nouvelle, positive, et, surtout, reformuler les conclusions. Si nous expliquons une situation vécue difficilement comme une expérience qui fut une opportunité pour aller vers du mieux, nous vivons alors positivement les soucis passés. Les antécédents laborieux, les échecs que nous avons rencontrés, les doutes que nous avons eus, sont autant d’opportunités que nous avons su saisir pour comprendre ce qui n’allait pas dans notre vie, changer ce qui devait l’être et grandir grâce à nos épreuves.
Aussi, décidons de prendre dès aujourd’hui une nouvelle habitude vis-à-vis de notre passé : débarrassons-le des vibrations négatives en abandonnant, si nous l’évoquons, les termes préjudiciables qui entretiennent une situation néfaste. Au lieu de raconter nos malheurs, disons plutôt : « Cette expérience m’a secoué et m’a obligé à changer. Sans cette épreuve, je serais resté le même, j’aurais continué à me fourvoyer. Grâce à elle, j’ai ouvert les yeux, j’ai vu comment il fallait que je réagisse et je l’ai fait. C’était une formidable opportunité que j’ai su saisir, et j’en suis heureux. »
Alors si vous avez la mauvaise habitude de penser et de vous plaindre du fait que vous n’avez pas de chance dans la vie, moquez-vous de vous-même en pensant à Sacha Guitry qui avait dit, avec son sens aigu de l’autodérision : « Je n’ai pas eu de chance avec mes femmes ; la première femme est partie, la deuxième est restée !** »
**Il était encore jeune ; il a eu en tout cinq épouses.
Pour une Positivité constructive,
Philippe Mailhebiau
Clés à retenir :
Citation :
La mémoire, c’est du souvenir en conserve.
Pierre Dac
(A chacun de vérifier la date de péremption de ses souvenirs, ils pourraient devenir toxiques !)
Très juste Philippe !
Je partage totalement ton analyse sur le sujet.
Néanmoins, au delà des souvenirs, il y a des personnes, faits, événements qui causent une empreinte indélébile dans le cerveau “reptilien”, et dès que tu croises ces personnes, que ces faits … reviennent à la surface, une réaction de “stress” se déclenche, même si tu es dans le pardon, et relativise les situations comme tu le présentes. Que faire alors?
Merci en tout cas pour tes partages et développements “philo”
Amitiés
Olivier