On lit dans plusieurs ouvrages de pensées positives qu’il suffit d’avoir la foi pour voir se réaliser tous nos vœux, mais je constate que ce n’est pas si vrai. Personnellement, je dois trop douter de moi pour y croire. Qu’en pensez-vous ?
Elisabeth.
Il est écrit et souvent répété que la foi soulève les montagnes (Matthieu, 17-19). A mon avis, les montagnes sont bien là où elles sont, et vouloir les déplacer n’a guère de sens. Il s’agit donc d’un symbole.
Les montagnes sont faites de roche, l’une des matières les plus dures et denses dans la nature ; dans notre psychisme, nous avons aussi nos montagnes a priori inamovibles, et ce sont ces montagnes de doutes, de craintes, de méfiance, de faiblesses qu’il nous faut « soulever ». Il faut une sacrée foi (mais pas nécessairement une foi sacrée) pour les faire bouger et les rendre malléables, pour les transformer en sommets de confiance et de réussite.
Dans ce sens, oui, la foi est très puissante et conduit à accomplir « l’impossible ». C’est la foi (la foi en soi, en la vie, en ce que nous regardons comme digne de foi ; j’insiste sur le fait que la foi n’est pas obligatoirement mystique, au sens où les religions définissent le mysticisme), qui nous fait réaliser nos souhaits les plus improbables, nous fait avancer et nous rend heureux de ce que nous faisons.
Je vous donne un exemple : si l’homme n’avait pas eu la foi, le désir intense de voyager dans l’espace, d’aller sur la lune, d’explorer l’univers, nous serions resté vissés sur la terre. Tandis que la plupart avaient abandonné cette espérance, certains y ont tellement cru que ce rêve est devenu réalité. Les avancées technologiques qui nous ont permis de découvrir l’espace ont été précédées par ce vœu et par cette conviction qu’un jour, il serait possible de voler dans les airs et de poser le pied sur les étoiles.
Ceux qui ont eu et entretenu cette foi ont balayé, de leur force intérieure, le doute pragmatique et logique des pessimistes majoritaires. Combien, parmi nos arrière-grands-parents, regardaient les premiers aéronefs comme une invention de fous ? De même pour les premières voitures que la majorité jugeait comme une excentricité qui ne remplacerait jamais le cheval.
Cent ans plus tard se mettent en place des tour operators pour voyager dans l’espace, et l’on ira sur Mars comme l’on prend l’avion pour partir à l’autre bout de la terre.
Si nous doutons, nous échouons. Si nous voulons et croyons en ce que nous voulons, nous réussissons. Certes, il ne suffit pas « d’avoir la foi » pour que tout fonctionne, la foi (dans le sens nous croyons fermement que…) n’étant pas un acquis ; à ce titre le verbe « avoir » ne me paraît pas adapté. Ce n’est pas si simple, en effet, car il est nécessaire de savoir exploiter cette foi, de l’incarner afin de la manifester à chaque instant de notre vie.
Mais s’il n’est pas exact que tout va fonctionner à merveille à l’instant où nous affirmons avoir la foi, il est certain que sans foi, sans confiance en soi et en la vie, nous ne réaliserons rien de grand et de durable, rien d’exceptionnel, rien qui fasse que nous nous surpassions.
Beaucoup disent : « J’ai essayé mais ça n’a pas marché… » Quel piège grossier ! Il ne fallait pas « essayer » mais le faire, pas essayer mais réussir. Le premier pas est difficile ? La première marche est haute ? Les premiers résultats ne sont pas concluants ? Et alors ? Ce n’est pas une raison pour s’arrêter mais bien LA raison de continuer, de persévérer, et donc de réussir.
L’erreur, l’échec provisoire est une période d’apprentissage nécessaire, pas une finalité. C’est une finalité pour celui qui en reste là, qui, après être tombé, demeure assis sur le chemin et refuse de se relever et de marcher de nouveau. Confucius le disait : « La force n’est pas de ne pas tomber mais de savoir nous relever quand nous tombons. »
L’échec provisoire n’est pas la preuve que la foi ne change rien, il est au contraire la preuve que la foi est un formidable stimulant puisqu’elle nous conduit sur la voie de la persévérance, et celle-ci à connaître le succès.
Il n’est de virtuose qui n’ait commencé par de fausses notes sur son instrument.
Ceux qui s’effraient de la cacophonie des premières notes se privent non seulement de jouer d’un instrument mais également de la musique des autres car ils entretiennent un sentiment de frustration.
Il y a un désir subconscient d’échec dans chacun de nous ; certains l’identifient et l’éliminent (ils soulèvent la montagne et en font ce qu’ils veulent), d’autres le cultivent afin de justifier leur échec, d’expliquer la tiédeur de leur existence, afin de se trouver des excuses pour ne pas « avoir réussi ».
L’échec est le corollaire d’un certain état d’esprit, comme la réussite. La pensée devance l’acte, l’intention véritable détermine le résultat. (Je dis véritable car il y a de fausses intentions, ou des intentions mort-nées).
La clef : refuser le doute, rejeter l’idée de perdre, ne pas accepter la médiocrité de s’en tenir aux échecs provisoires ; et surtout, ne jamais, jamais, jamais abandonner !
Regardez-vous le doute comme inhérent à votre être ? Plus vous le regardez, plus vous vous focalisez sur lui, plus vous le renforcez ; ce sont vos yeux intérieurs, votre regard comme votre pensée qui alimentent votre doute personnel. Tout cela est en vous, tout cela est vous, et le doute devient le fruit de vos atermoiements, comme la foi et la réussite sont ceux de votre détermination.
Si vous vous persuadez que le doute de vous est impossible à vaincre, nul ne peut vous aider, mais si vous voulez gagner, voici une clef que je vous invite à utiliser : « Vous voulez vaincre le doute ? Doutez de lui. »
Douter du doute est l’une des premières idées que j’ai lancées il y a trente ans à mes proches comme à mes employés. Douter du doute, c’est retourner sa force insidieuse contre lui, c’est conduire le scorpion à diriger son dard contre lui-même.
Personnellement, je n’ai rien contre les scorpions, ils ont le droit de vivre, mais je ne leur accorde pas celui de se promener dans ma demeure.
En conclusion, la façon dont nous réagissons face à l’échec détermine ce que nous sommes, où nous allons et ce que nous allons devenir. C’est nous qui faisons qu’une défaite soit temporaire ou définitive, qui choisissons d’avancer ou de nous arrêter, voire de reculer.
Abandonnons et la défaite est entérinée, persévérons et la défaite temporaire est un pavé sur le chemin de la réussite.
Pour une Positivité constructive,
Philippe Mailhebiau
Citation :
Pour ceux qui croient, aucune preuve n’est nécessaire. Pour ceux qui ne croient pas, aucune preuve n’est possible.
Stuart Chase