Remarque d’un lecteur :
Ici en France et en Europe, le monde va mal, très mal, chaque jour nous nous enfonçons dans des crises morales, financières et autres, nous avons l’impression d’être dans un bateau en train de sombrer et tous les capitaines ont déjà prévu leurs fuites. Un monde opaque est là qui dirige l’information afin d’organiser la manipulation, l’abrutissement des humains, et ce monde renverse toutes les valeurs, pour que chaque être perde sa part d’humanité et son bon sens.
Merci pour ce blog car j’y puise, comme à la fontaine, l’eau qui alimente mes références existentielles, mes réflexions, et j’y vois (malheureusement pas toutes) mes contradictions.
Si nous devions voir toutes nos contradictions, elles finiraient par se contredire elles-mêmes tant le changement, dans le sens de l’amélioration de notre être et de notre existence, crée une dichotomie entre ce que nous comprenons, ressentons, voulons et appliquons.
Prenez les vôtres avec le sourire. Depuis trente ans, je recommande : « Soyons tolérant envers les autres et exigeant envers nous-même » ; j’ai sans doute raison dans le principe, mais à condition que cette exigence ne frise pas la culpabilité de ne pas réussir parfaitement ce que nous voulons faire et vivre. La quête d’une certaine perfection de vie peut virer en orgueil et prétention. Si le principe demeure, soyons, dans les faits, également tolérant envers nous-même ; nous sommes humain, donc fort dans nos faiblesses et faible dans nos forces.
(A ce titre, il y a un passage fort symbolique dans une lettre de Paul (2 Corinthiens 12,6-10) où il dit : « Il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m’éviter tout orgueil. Par trois fois j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. ». (Je développerai le sens de cette métaphore dans un prochain article).
Il est bon de voir et accepter nos faiblesses, non avec résignation mais avec recul ; c’est une forme de sagesse. La légèreté de l’objectivité apporte une certaine sérénité car elle conduit à s’observer et à voir ce qui est bon et ce qui mérite d’être changé, c’est un sain équilibre entre ce que nous voulons et ce que nous pouvons.
Certes, nous pouvons toujours davantage, mais le perfectionnisme frise le fanatisme et ceux qui s’en revendiquent peuvent devenir tyranniques. Ignace de Loyola, qui avait eu la jambe brisée par un boulet de canon, s’est fait opérer à vif ; quand il a vu le résultat (fort approximatif), il ordonna aux médecins de lui recasser la jambe et de scier les os saillants pour, espérait-il, retrouver sa démarche élégante. Le martyre a un côté pathétique quand il vire à la prétention.
Condamner l’imperfection, au moins mentalement, n’est-il pas un excès d’orgueil ?
Au nom de quoi la réprouvons-nous ? En raison d’une plus qu’hypothétique « perfection divine » à l’opposé de nos folies existentielles ? Franchement, les Dieux des hommes n’ont guère de leçons à nous donner quant à l’imperfection de notre oeuvre (notre vie) ; il n’est qu’à observer la nature pour s’en convaincre. D’ailleurs, certains, ont entendu le Dieu biblique se dire dans ses réflexions auto-méditatives : « Bon, pour le phacochère, je me suis planté, mais l’ornithorynque, je le sens bien ! »
Gardons le sourire ; d’une part parce que l’observation de notre vie le mérite, et celle du monde, qui inspire plus de larmes que de rires, invite au remède de la contradiction positive. Sourire consciemment (pas béatement, le rire des niais a quelque chose d’insultant envers la souffrance) est une marque de sagesse et de tolérance. Faisons confiance au temps (c’est une astuce pour prendre du recul, le temps n’ayant que faire de notre confiance, c’est une abstraction) ; si nous avons raison et que les choses s’améliorent, nos pensées auront eu leur poids. Si rien ne change et que le monde humain se détruit, nous aurons eu raison quand même et nos pensées auront également eu leur poids. Mais il aura été insuffisant, c’est tout.
Pour une Positivité constructive,
Philippe Mailhebiau